Ma rencontre avec la résilience
La résilience ne se bâtit pas dans la ouate. Dans la ouate, le muscle de la résilience s’atrophie… Pourtant, ce muscle est essentiel pour faire face aux aléas de la vie. Malheureusement, je crois qu’au Québec (et en Amérique du Nord), il est moins courant que les occasions de muscler la résilience se présentent à nous « de façon naturelle ».
J’ai une chance incroyable. J’ai grandi dans la ouate. Maman, papa et une famille agrandie extraordinaire, où l’on apprend à aimer sincèrement, à se chicaner, puis à s’aimer de nouveau.
Lorsque le drame a frappé chez nous une première fois dans la vingtaine, j’ai pensé perdre mon Chéri à cause de la maladie. Heureusement, l’expérience s’est avérée positive. Ensemble, nous avons apprivoisé l’adaptation, nous avons appris à reconnaître et à respecter nos différences… Bref, à muscler notre résilience. Alors, lorsque le drame a frappé une seconde fois, nous étions déjà un peu plus forts…
Quand tout a basculé…
Plus forts, mais pas préparés. Personne ne peut se préparer à accepter la mort d’un de ses enfants. C’est contre nature. Pourtant, le jour où Guillaume, notre petit garçon de 11 mois, est décédé, nous avons réactivé – inconsciemment, je crois — les mécanismes d’adaptation que nous avions appris quelques années plus tôt.
Boris Cyrulnik décrit la résilience ainsi : la capacité de reprendre un développement après une agonie psychique.
L’agonie, je l’ai affronté, mais j’étais soutenue par mille bras autour de moi — des amis, des tantes, des parents et un chéri extraordinaire qui avait (il l’a toujours!) la même volonté que moi : que cet événement triste et tragique ne détruise pas notre vie, et surtout celle de notre petit homme. Chacun à sa manière, on a fait face et on a respecté l’autre. On a respecté nos différences.
Je n’avais aucune idée si nous allions gagner notre pari, si nous allions réussir non pas à survivre, mais à bien vivre… Après dix ans, je sais que le combat est derrière moi. J’ai non seulement survécu, mais j’ai accepté cette épreuve, car sans elle, je n’aurais pas ces leçons et je n’aurais pas connu ce petit être d’amour. Je crois sincèrement que la vie a été bonne avec moi, elle m’a aimé… au point de me préparer et de m’entourer avant de me balancer cette épreuve.
Stephanie ton texte me parle tellement….moi aussi j’ai grandit dans la ouate comme on dit. Et à 31 ans, maman d’un petit garcon de 6 ans, le cancer du sein me frappe de plein fouet et pas juste un peu…après plus de 2 ans de traitements et chirurgies (plusieurs) je confirme que la résilience on la rencontre quand on s’y attend le moins et on l’apprivoise. Mais ce »cadeau » que j’appelle qu’à été mon cancer a tellement changé de chose positivement en moi que j’acceuille cette épreuve qu’elle a été avec beaucoup de sérénité.